Interview de Léo, représentant d’un cercle bolivarien
Les cercles bolivariens & la révolution
par Frédéric Lévêque
Article publié le septembre 2002

Interview de Léo, délégué du Cercle bolivarien du quartier Rio Blanco de Maracay, Etat d’Aragua.

Il y a deux mots très importants dans la Constitution bolivarienne : ’protagonisme’ et ’participation’. Qu’est ce qu’ils signifient ?

Depuis le début du processus bolivarien, une des questions était de changer le modèle de démocratie représentative pour le remplacer par le modèle de démocratie participative. Tout le pouvoir protagonique pour le peuple.

Depuis ces 3 dernières années, cela n’a pas pu se concrétiser d’une manière définitive mais nous essayons, avec le temps et beaucoup de travail, de réaliser pleinement le pouvoir protagonique et participatif. Ces deux mots sont ceux qui guident notre auto-organisation dans les Cercles bolivariens, dans les médias communautaires, dans les organisations de femmes, dans les organisations ouvrières et paysannes. Et cela pour qu’en definitive, nous puissions, avec ces organisations populaires, contrôler la gestion du gouvernement.

Que penses-tu du développement des Cercles bolivariens depuis le coup d’Etat du 11 avril ?

Je suis militant et représentant du Cercle bolivarien ’14 juin’, et du MBR 200 (Mouvement bolivarien révolutionnaire 200). Il est surprenant de voir dans ce processus la rapidit avec laquelle le peuple arrive às’organiser. En moins d’un an, plus de 1,5 millions de personnes se sont organisées dans les Cercles bolivariens àl’échelle de tout le territoire, dans les municipalités, les quartiers, les usines, les universités, àla campagne, etc. Il y a des Cercles bolivariens partout. Nous sommes convaincus que la démocratie participative et protagonique sera atteinte lorsque le peuple sera réellement organisé au sein de ces Cercles bolivariens.

De quoi parle-t-on dans les Cercles bolivariens ? Comment s’organisent-ils ? Comment sont prises les décisions ? Parle-t-on de la politique internationale ou encore de celle du quartier, etc ?

Les Cercles bolivariens sont nés de cette nécessité de participation. La question locale est très importante. Il s’agit de pouvoir répondre aux besoins de toute la communauté. Nous discutons des travaux et des projets de la communauté. Nous faisons aussi des discussions de niveau national.

L’aspect international est très important dans les discussions des Cercles bolivariens parce qu’il y a un important écho àcette echelle de ce que nous faisons ici, de notre projet. C’est donc logiquement que nous sommes intéressé àconnaître l’avis de l’opinion internationale. Nous voulons envoyer un message àl’opinion internationale : ne croyez pas aux manipulations des médias qui nous décrivent comme des "violents", comme des "guérilleros". Notre seule arme est la Constitution bolivarienne, notre sensibilité, notre soif de participer, de travailler.

Par rapport àl’ideologie des Cercles bolivariens, la Constitution bolivarienne est une fois de plus notre guide de travail et d’action.

Quelle est la relation entre les Cercles Bolivariens et le pouvoir ? Avec Chavez ? Les Cercles sont-ils la pour appuyer le pouvoir simplement ou pour le radicaliser ?

La relation entre le peuple organisé au sein des Cercles bolivariens et le président est fort proche. C’est lui qui a appelé àla création de ces cercles. Il existe aussi un Commandement révolutionnaire dont le chef est aussi Hugo Chavez. La proximité est telle que, très souvent, nous n’utilisons pas les voies régulières pour joindre Chavez (c-à-d via les gouverneurs, les maires, etc.), le président va àla rencontre des Cercles bolivariens, il se réunit avec eux. Nous définissons ensemble les politiques àmener.

Quel a été le rôle des Cercles bolivariens pendant le coup d’Etat ?

La participation des Cercles bolivariens a été décisive. De fait, nous sommes conscients que sans cette participation organisée de masse nous n’aurions pas pu reconquérir le gouvernement. Nous savons que pendant le coup d’Etat fasciste, un secteur de l’armée et un secteur de la bourgeoisie ont exercé un pouvoir totalitaire en éliminant les organes démocratique et médiatiques communautaires. Grâce ànotre organisation, nous nous sommes mobilisés, cercles par cercles, vers Miraflores - le Palais présidentiel - pour défendre le Palais, pour reprendre les casernes ensemble avec les militaires fidèles et alliés au processus. Plus de 7 millions de personnes se sont mobilisées au niveau national pour exiger le retour du président.

Propos recueillis le 28 juillet 2002 àMaracay, Venezuela, par Frédéric Lévêque.

Les opinions exprimées et les arguments avancés dans cet article demeurent l'entière responsabilité de l'auteur-e et ne reflètent pas nécessairement ceux du Réseau d'Information et de Solidarité avec l'Amérique Latine (RISAL).
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