La coalition de l’opposition du Venezuela, la Coordinadora Democrática, a rendu public son « plan  », attendu depuis longtemps, pour un gouvernement et une société post-Chávez. Appelé « Plan Consenso PaÃs  » (Plan consensus pays), ce nouvel agenda tente de chercher la « réconciliation  » et la « reconstruction  » au Venezuela et d’apporter la « paix  », la « relance de l’économie  » et la « création d’une sphère politique, sociale et éducative qui inclue tous les citoyens, sans exception  ». Le plan proposé a été présenté par Diego Bautista Urbaneja, coordinateur du Comité pour le Plan consensus pays de la Coordinadora Democrática.
Dans une conférence de presse vendredi matin (le 9 juillet, ndlr), Urbaneja a expliqué que le plan était le produit d’un processus de consultations et de consensus de 9 partis politiques, 26 organisations sociales de la société civile, 27 organisations de type syndical et 5 groupes d’opinion. Le Plan de consensus est un pacte entre les membres de l’opposition qui prétendent s’engager à adopter un tel projet comme base d’un gouvernement transitoire, post-Chávez. Urbaneja affirme que le plan sera en vigueur depuis la révocation du Président Chávez lors du référendum qui se tiendra le 15 aoà »t 2004 jusqu’en janvier 2007, fin du mandat présidentiel impartie par la Constitution.
L’opposition a récemment fait l’objet d’une attaque dans la presse internationale et de la part de ses propres membres parce qu’elle n’offrait aucune solution de rechange concrète aux Vénézuéliens, mais se contentait de réclamer l’éviction du président en exercice. Plusieurs des membres des principaux partis politiques constituant le collectif de la Coordinadora Democrática ont fait partie d’anciens gouvernements et de partis politiques, tels qu’Acción Democrática et COPEI, qui ont perdu le pouvoir faute de mener des politiques en faveur de la grande majorité des Vénézuéliens pauvres et de la classe ouvrière et à cause de leur politique d’exclusion qui favorisait l’élite du Venezuela.
Le nouveau Plan de consensus présenté aujourd’hui peut avoir l’air d’une alternative viable. Il existe pourtant un fait majeur qui écorne sa crédibilité : le Plan est une création de la National Endowment for Democracy (la Fondation nationale pour la démocratie), une entité du gouvernement des Etats-Unis qui a versé des millions de dollars aux groupes anti-Chávez pour faciliter en 2002-2003 leurs tentatives de coup d’Etat et de grève, et pour servir aujourd’hui de tremplin à la campagne du référendum et à ce nouveau « Plan  » de gouvernement de transition.
La National Endowment for Democracy (NED) a attribué une subvention d’environ 300.000 dollars début 2003 au Center for International Private Enterprise (CIPE, Centre pour l’entreprise privée internationale), une entité basée aux Etats-Unis qui est l’un des quatre principaux bénéficiaires de la NED, ainsi qu’au Center for Dissemination of Economic Information (CEDICE, Centre pour la diffusion de l’information économique), une organisation vénézuélienne. Le CEDICE est présidé par Rocio Guijarro, l’un des premiers signataires du « décret Carmona  », promulgué pendant la brève dictature qui a pris le contrôle du gouvernement du Venezuela pendant le coup d’état de 48 heures contre le Président Chávez en avril 2002 [1]
. Le « décret  » a donné à l’homme d’affaires Pedro Carmona l’autorité de « Président  » et dissous toutes les institutions démocratiques du Venezuela, tels que l’Assemblée nationale (et tous ses membres élus), la Cour suprême, la Constitution, le ministère de la Justice et le bureau de la Défense publique.
La subvention au CIPE-CEDICE a été intitulée « Consensus sur un projet pour établir un agenda national  » et elle présentait les chefs principaux de l’opposition radicale et les participants du coup d’Etat comme membres du comité du projet. Les organisations composant le « Projet  » incluaient plusieurs des groupes qui ont dirigé la tentative de coup d’Etat en avril 2002 et la grève illégale en décembre 2003-février 2004 qui a paralysé l’économie du Venezuela [2]
, telle que Gente de Petróleo, Fedecámaras, Alianza Bravo Pueblo, la CTV, COPEI et la Coordinadora Democrática, entre autres. Une autre organisation clé figurant au sein du Comité du plan de consensus est Liderazgo y Visión, un bénéficiaire direct de la NED dirigé par Oscar Garcia Mendoza, directeur de la banque Banco de Crédito. M. Garcia Mendoza a publié une annonce dans les journaux nationaux du Venezuela en avril 2002 félicitant les auteurs du coup d’Etat d’avoir rendu la « liberté et la démocratie avec de solides institutions et le respect de la loi  ». Garcia Mendoza a également signé une annonce commerciale publiée dans la presse nationale le 13 avril 2002, reconnaissant et soutenant le « gouvernement de transition  » de Pedro Carmona, malgré le fait que Carmona ait pris le pouvoir par le biais d’un coup d’Etat et violé la Constitution du Venezuela.
Le rapport trimestriel de mars-mai 2003 du CEDICE à la NED justifie le Projet de plan de consensus en comparant l’administration de Chávez au parti nazi d’Hitler : « La seule chose séparant le pays du plein contrôle révolutionnaire est le fait que le gouvernement de Chávez soit le résultat d’élections libres (comme le régime nazi à son commencement)...  » (voir le document original).
Plus de deux ans après le coup d’Etat contre le Président Chávez, l’opposition est devenue de plus en plus dépendante du gouvernement des Etats-Unis pour l’aide économique, les conseils et le soutien politiques. La NED finance plus de 19 organisations opérant au Venezuela - toutes dans le camp anti-Chávez, un fait qu’elle a elle-même admis à diverses occasions. (Bart Jones, The National Catholic Reporter). D’autres sources de financement, telles que USAID, versent annuellement plus de 5 millions de dollars à des activités de « construction de la démocratie  » au Venezuela qui bénéficient entièrement à la société civile (l’opposition) et pas au gouvernement.
[1] Consultez le dossier de RISAL sur le coup d’état :
http://risal.collectifs.net/mot.php3?id_mot=135
[2] Consultez le dossier de RISAL sur le lock-out patronal et le sabotaje pétrolier :
http://risal.collectifs.net/mot.php3?id_mot=207
Source : Venezuelanalysis.com (www.venezuelanalysis.com/, 9 juillet 2004.
Traduction : Hapifil, pour le RISAL.