Dans des conditions suspectes, 104 jeunes détenus ont perdu la vie, le 17 mai 2004, dans l’incendie de la prison de San Pedro Sula. Cette tragédie a mis en lumière la guerre que mène le Honduras contre les délinquants, surtout les plus jeunes et les plus pauvres. En marge de la répression légale, des centaines d’exécutions extrajudiciaires d’enfants et d’adolescents ensanglantent le pays : 2 125 jeunes, de 3 ans à 23 ans, ont été assassinés ces cinq dernières années.
« Ils tuent les mareros [1]. Ils sortent la nuit pour les assassiner. Ils les balancent dans les champs de canne à sucre, parfois ils les pendent ou les tuent avec des armes à feu. Peut-être qu’ils m’élimineront, comme ils font avec eux.  » Dans une de ses dernières lettres, écrite en 2003, avant d’être abattue par des inconnus, la jeune agent de police hondurienne Ana Bessy RamÃrez accuse ses collègues policiers : « meurtriers  » et « corrompus  », ce sont eux qui font le ménage parmi les jeunes délinquants des gangs locaux.
Voilà plus de six ans qu’ont été assassinés Oscar Medina, 15 ans, et José Hernández, 14 ans. Alors qu’ils bricolent un vélo sur une place publique d’El Progreso, cinq hommes armés les menacent et les forcent à monter à bord d’une voiture bleue. Leurs corps mutilés seront retrouvés le lendemain. Officiellement, l’enquête n’a rien donné. Pourtant, les témoignages des voisins sont loin d’être inintéressants : le matin même, tout le voisinage avait été interrogé par des enquêteurs de la direction générale d’investigation criminelle (DGIC), conduisant une voiture similaire, à propos d’un vol commis par des jeunes. Certains témoins identifient même un des membres de la DGIC parmi les hommes ayant enlevé les deux adolescents.
Responsable de l’enquête, cette même DGIC omet d’auditionner les quelques témoins qui ont le courage de parler. Dans un premier temps, les familles des victimes, menacées, se taisent. Toutefois, en 2002, José, le frère aîné d’Oscar, décide de briser le silence et dénonce le cas à l’organisation non gouvernementale (ONG) Casa Alianza.
« Il y a eu de la publicité autour de Casa Alianza, après qu’on nous eut attribué un prix international de protection à l’enfance, explique M. José Manuel CapellÃn, son directeur. José est venu nous parler de l’assassinat de son frère... et nous avons, depuis, porté le cas devant la Cour interaméricaine des droits de l’homme.  » Face aux « incongruités  » de l’enquête et à la lenteur suspecte de la justice, les instances internationales apparaissent en effet comme l’ultime recours. La solution sera adoptée dans six autres cas. Car, s’il est emblématique, le meurtre d’Oscar et de José est loin d’être un cas isolé.
Tortures, exécutions sommaires et extrajudiciaire... Puisant ses informations dans la presse, auprès d’autres ONG ou directement auprès des familles des victimes, Casa Alianza comptabilise, pour la période 1998-2003, 2 125 assassinats de jeunes allant de 3 à 23 ans. La moitié concerne des moins de 18 ans et la quasi-totalité des garçons. Des chiffres auxquels aboutit peu ou prou le ministère public. Certains mois, deux enfants ou jeunes adultes sont assassinés chaque jour dans ce petit pays centre-américain de 6,6 millions d’habitants [2].
Blasée, mal informée, l’opinion publique attribue cette violence aux règlements de comptes entre mareros - la version officielle des autorités. Peu importe que certaines victimes soient boulanger, maçon ou lycéen. Toutefois, l’indifférence semble avoir perdu un peu de terrain depuis que les macabres statistiques publiées par Casa Alianza connaissent une diffusion nationale et internationale. L’Organisation des Nations unies (ONU) a enquêté au Honduras en 2001, puis publié un rapport cinglant indiquant que les forces de police étaient effectivement impliquées dans ces assassinats [3]. La Commission des droits de l’homme du pays a fait de même et, en octobre 2002, le président de la République, M. Ricardo Maduro, a reconnu publiquement les exécutions de 574 enfants et adolescents. « En Europe, dix de ces cas suffiraient à faire sauter un gouvernement ! fulmine M. CapellÃn. Nous avons réussi à ce que tout le monde admette l’existence de ces crimes, mais l’impunité reste presque totale.  »
Fringant ministre de l’intérieur, devenu un « super-héros  » depuis qu’il a engagé une croisade contre la criminalité, M. Oscar Alvarez défend sa version des faits : « 90 % des victimes sont des mareros ; ce à quoi nous assistons, ce sont des règlements de comptes.  » L’explication, simpliste, fait bondir M. CapellÃn. Selon Casa Alianza, seuls 20 % des cas peuvent être attribués à la guerre des gangs. Les ONG qui dénoncent ces assassinats ont pu « détecter, dans de nombreuses exécutions, un mode opératoire laissant penser que forces de l’ordre et agents de sécurité sont impliqués  ».
Les assassinats sont en effet beaucoup plus organisés qu’il n’y paraît. Des armes d’un calibre utilisé entre autres par la police et les militaires sont en cause ; des meurtres sont commis par balles, directement à partir de voitures identifiées sur plusieurs scènes de crimes ; il y a parfois des tortures suivies d’un coup de grâce dans la nuque ; dans certains cas, les corps ont même été démembrés. Pratiques de pandilleros ? Pour Mme Asma Jahangir, rapporteur de l’ONU sur le sujet, « il ne fait aucun doute qu’il existe des bandes violentes dans le pays, mais l’existence de ces groupes ne peut servir d’excuse aux exécutions extrajudiciaires commises en toute impunité par les forces de sécurité  ».
Balançant çà et là des mots d’anglais dans un discours aseptisé, M. Oscar Alvarez maîtrise mal son agacement. « Nous avons créé une unité spéciale d’investigation en septembre 2002, mais nous avons peu de moyens... Nous sommes conscients que certains cas impliquent des policiers et menons l’enquête  », affirme-t-il, affichant le volontarisme politique qui fait son succès. « Certaines personnes, liées à l’étranger, ont parlé de politique d’Etat et de nettoyage social, mais c’est totalement faux  », assène-t-il encore, en rappelant qu’officiellement 1 % de ces assassinats sont attribués aux forces de maintien de l’ordre. Mais M. Alvarez, neveu de l’ancien chef des forces armées qui domina le pays dans les années 1980 [4], pourrait bien vouloir cacher une réalité autrement plus sombre.
Chargée de mener les enquêtes présentées ensuite au ministère public, la DGIC dépend du ministère de l’intérieur. Une aubaine institutionnelle pour les « ripoux  », rarement mis en cause par leurs propres collègues. Si des secteurs de la société, plus ou moins en cheville avec la police et l’armée, avaient décidé de se débarrasser d’éléments jugés indésirables, ils seraient ainsi parfaitement couverts.
Au ministère public, implicitement accusé par le ministre de l’intérieur de ralentir la marche de la justice, M. Roy Medina, procureur général, reconnaît qu’une grande inconnue demeure : qui tue, et pourquoi ? « On a parlé de la participation de la police, mais il y a aussi des groupes privés. Certains pensent que la solution au problème de la violence est de tuer les délinquants. Une forme de sécurité privée est apparue... Il est difficile d’indiquer avec précision qui fait quoi...  » Quant aux retards dans les procédures impliquant des policiers, il reste vague. Les preuves apportées par la DGIC sont-elles suffisantes ? « Si elles l’étaient, ils seraient tous condamnés ; c’est qu’elles ne doivent pas l’être.  »
La presse aime relayer les rumeurs, surtout si elles sont croustillantes. L’une d’entre elles raconte ce qu’aurait confié M. Ramón Custodio, commissaire des droits de l’homme, très critiqué, à un journaliste étranger : des entrepreneurs du pays se réunissent dans un restaurant de San Pedro Sula pour planifier les exécutions de supposés pandilleros. M. Custodio prétend que le journaliste a déformé ses propos. Toutefois, le vieux défenseur des droits de l’homme, maintes fois menacé par le passé, et en particulier dans les années 1980, en sait sans doute plus qu’il ne peut ou ne veut dire. « Les auteurs des exécutions des enfants et adolescents sont multiples et variés : pandilleros, policiers, sicarios [5]. J’utilise le mot sicarios à bon escient, je ne sais pas qui les envoie, et c’est ce que nous devons découvrir  », finit-il par lâcher avant d’écourter l’entretien, visiblement agacé par l’insistance des questions.
Si l’impunité s’explique en partie par les faibles moyens de l’Etat [6], elle relève surtout d’une absence de volonté politique, voire d’une tentative de couvrir une vaste entreprise de nettoyage social. Que penser par exemple de l’extrême lenteur de l’enquête impliquant des hauts fonctionnaires de police suspectés de meurtres de pandilleros et de responsables d’enlèvements ? Ils ont ultérieurement été accusés d’avoir maquillé des fusils AK 47 qui auraient pu les mettre en cause... Conservées sous scellés au siège de la police, à Tegucigalpa, ces armes ont « disparu  », puis ont été détruites, sans doute avec la bénédiction d’une directrice et d’une inspectrice de police.
Autre affaire rocambolesque : le dossier d’accusation désignant six policiers comme auteurs d’exécutions arbitraires, providentiellement égaré en octobre 2002... Rien de tout cela ne surprend Mme MarÃa Luisa Borjas, à l’origine de la plupart de ces accusations. Haut gradée de la police, cette femme saluée pour son efficacité dans la lutte contre le crime organisé est désormais conspuée par sa propre hiérarchie. Son « crime  » ? Avoir fait son travail de chef des affaires intérieures en dénonçant des pratiques criminelles au sein de l’appareil policier. Son ministre l’a destituée en janvier 2003, mais Mme Borjas continue de témoigner, en dépit des graves menaces pesant sur sa famille.
La lecture des documents compromettants qu’elle détient donne des frissons. Elle révèle, parmi d’autres, le témoignage d’un jeune homme pris au piège par la police et qui a dà » dénoncer d’anciens « collègues  » impliqués dans un trafic d’automobiles. Les uns après les autres, ils ont tous été exécutés. Terrifié, le témoin a préféré tenter sa chance hors du pays, non sans avoir déposé plainte. « Au niveau national, il y a une vingtaine de groupes d’extermination formés par des policiers, affirme Mme Borjas. Le ministère public a mené la procédure, mais seulement jusqu’à un certain point : quand il est apparu clairement qu’il s’agissait d’une politique d’Etat.  »
« Peut-on parler de respect de la vie de la part de l’Etat ? s’interroge Mme Berta Oliva, directrice du Comité des familles des détenus et disparus au Honduras. L’Etat sait qui sont les auteurs des exécutions, mais ne fait rien contre eux, car ce serait aller contre ses propres intérêts et ses propres agents.  » Elle rappelle que le ministère de l’intérieur ne s’est pas débarrassé de ses éléments impliqués dans la répression militaire des années 1980 : « Les mêmes pratiques perdurent au sein de la police et de l’armée, des pratiques qui nient le droit à la vie.  » Au sommet de l’Etat, le président Maduro lui-même symboliserait cette dérive. En 1997, son fils fut enlevé puis assassiné, victime de la juteuse industrie du kidnapping, très en vogue en Amérique latine. Certains des auteurs de l’enlèvement ont été mystérieusement assassinés. Une rumeur court sur l’identité du commanditaire du crime (mais dénuée du moindre commencement de preuve), colportée par témoins, fonctionnaires et policiers...
Pour beaucoup de Honduriens, les mareros assassinés n’ont que « ce qu’ils méritent  ». La faute, sans doute, à la violence réelle et croissante dont sont responsables les pandillas. Mais le climat ultrarépressif créé par le gouvernement n’y est pas étranger. Depuis son arrivée au pouvoir en 2002, M. Maduro martèle sa politique de « tolérance zéro  » à l’égard des gangs, politique encensée par les médias.
Votée à la quasi-unanimité en juillet 2003, dans le cadre d’une réforme du code pénal, la nouvelle mouture de la loi 332 criminalise spécifiquement les pandillas. Elle considère l’activité des maras comme illicite, et il suffit qu’un suspect porte des tatouages représentatifs des gangs pour être arrêté et détenu [7]. Cette « philosophie  » dégage le terrain pour des opérations musclées, souvent préventives, se terminant par la prison... Certains juristes ont dénoncé cette loi, qui porte atteinte aux libertés individuelles en autorisant l’emprisonnement sans délit précis. Les accusations d’anticonstitutionnalité ont vite été neutralisées. Le ministère de l’intérieur brandit des statistiques qui font de cette réforme un succès, et la fameuse loi 332 (selon les sondages) serait approuvée par 92 % de la population. Elle n’a pourtant pas réduit sensiblement les assassinats de jeunes, bien que les autorités signalent ces jeunes comme responsables des crimes en question [8] !
Personne, au Honduras, ne nie les délits commis par les pandillas, surtout pas Ernesto Bardales, sociologue travaillant avec succès pour Jhaja, un programme de réinsertion des pandilleros, à San Pedro Sula. Sept ans d’expérience l’amènent à penser que les pandillas entrent dans la criminalité sous l’effet de trois facteurs conjugués : le marché de la drogue, la répression policière et la circulation des armes. « Pour se procurer de la drogue, ces jeunes ont recours à la violence, et, phénomène nouveau, le narcotrafic utilise les services des pandillas pour sécuriser des territoires, assurer l’écoulement de la production ou servir de sicarios.  » A ce stade, il devient difficile de démêler les fils qui conduisent à la liquidation d’une partie de la jeunesse : on peut mettre en cause des règlements de comptes entre narcotrafiquants et pandilleros. Mais, quand on connaît l’implication des autorités politiques, policières et militaires dans le narcotrafic, le panorama devient encore plus complexe. Toutefois, la responsabilité collective des agents de l’Etat ne fait aucun doute.
Nombreux sont les témoignages de pandilleros actifs ou retirés. M. José Medina, 27 ans, a fui aux Etats-Unis après s’être retiré de la mara Salvatrucha. Victime de harcèlement de la part de la police, il demande l’asile politique au grand voisin du Nord. Carla, l’une de ses proches, raconte qu’« ils ne lui pardonnent pas d’avoir été pandillero. Les flics se baladent dans le quartier, bousculent les jeunes, les arrêtent et les passent à tabac ou parfois leur tirent dans les pieds pour s’amuser  ». Même son de cloche chez M. Juan José, 23 ans, qui travaille désormais pour Jhaja. Avec la lucidité que lui confèrent quelques années passées hors de son gang, il avoue que « les frères de gang ne te laissent pas tranquille quand tu décides de te retirer, parce que, selon la loi de la mara, cela signifie la mort. Mais il y a toujours des moyens de t’en sortir. Le problème, c’est que, si nous avons peur de la mara, nous avons encore plus peur des policiers  »...
Dans ce pays où le sentiment d’insécurité ne connaît plus de limites, les agences privées de sécurité prolifèrent, parfaits compléments des comités citoyens de sécurité. Ces derniers ont surgi en 1998, avec l’aval de l’ancien ministre de l’intérieur, pour assurer la sécurité dans les zones où la présence policière n’était pas suffisante. Les mairies peuvent ainsi organiser leur propre défense. Epinglés par Amnesty International, qui conteste leurs bases juridiques très floues, « les comités de sécurité paraissaient agir dans certains cas , avec la complicité de la police [9]  ». Dans un pays où les armes circulent facilement, il est aisé d’imaginer l’effet que peut produire la confrontation entre ces comités de civils et les jeunes pandilleros.
De fait, le ministère de l’intérieur n’a que peu de contrôle sur ces groupes, et M. Alvarez lui-même reconnaît que leur existence est « problématique  ». Qu’elle soit le fait de comités agissant en complète autonomie, de la police ou encore d’agences privées, la sécurité des citoyens honduriens se trouve entre les mains de personnes manquant cruellement de formation et d’éthique. La culture de la violence, qui imprègne tout le tissu social centre-américain, rejaillit avec force sur les « gardiens de l’ordre  », qui eux-mêmes la perpétuent. Et la triste banalité de la violence quotidienne ne masque pas les exécutions qui relèvent, elles, d’escadrons de la mort organisés.
Maintien de l’ordre, haine profonde des délinquants ou encore mépris d’une pauvreté criminogène entravant la bonne marche du pays vers la prospérité économique d’une classe privilégiée ? Le nettoyage social se nourrit d’une propagande qui passe sous silence quelques données plus discrètes : 77,3 % des Honduriens vivent dans la pauvreté ; 54,4 % dans l’indigence la plus totale [10]. Le gouvernement a reconnu que la délinquance juvénile constituait 5 % de toutes les infractions commises dans le pays, et, en 1999, l’Institut hondurien de l’enfance et de la famille a indiqué dans une étude que 0,02 % de tous les homicides perpétrés au Honduras étaient imputables à des mineurs...
Pour M. Juan Almendárez, directeur du Centre de prévention, traitement et réhabilitation des victimes de la torture et leurs familles, ces meurtres s’intègrent dans un schéma bien plus vaste. D’après lui, le Honduras renoue avec les vieux démons des années 1980. « C’est une nouvelle doctrine de sécurité nationale. Les mécanismes sont les mêmes : on désigne un ennemi, on crée un climat de terreur et on renforce la présence militaire et policière pour maintenir le pays en coupe réglée.  » Les pandilleros succéderaient-ils ainsi à la gauche des années 1970-1980 ? Ceux qui soutiennent cette thèse sont de plus en plus nombreux. « Nous sommes entrés, dit l’un deux, dans une véritable guerre psychologique, qui rappelle les conflits de basse intensité ; tout ça a une base idéologique.  »
Dans un pays assommé par les mesures néolibérales, des velléités de résistance sociale se font sentir. Les exemples équatorien, bolivien et vénézuélien inquiètent les autorités, alors que quelques manifestations explosives ont secoué le Honduras en 2003. Epargné par les guerres fratricides de l’Amérique centrale des années 1980, le pays pourrait-il connaître une explosion sociale ? Pour les puissants, mieux vaut prévenir, et, pour cela, rien de tel que de désigner un ennemi commun et de mettre tout en Å“uvre pour l’éliminer.
Ce Honduras qui s’accommode parfaitement des assassinats de milliers de ses enfants et adolescents se présente fièrement comme le cerveau centre-américain de la lutte contre la criminalité... Et comme un parangon de démocratie !
[1] Maras et pandillas sont l’équivalent centre-américain des « gangs  » des Etats-Unis. Leurs membres sont des mareros ou pandilleros. Les deux principales maras rivales sont la Salvatrucha et la 18. Sur leur équivalent dans la région, lire Philippe Revelli, « Derrière la violence des gangs au Salvador  », Le Monde diplomatique, mars 2004.
[2] D’après Amnesty International, près de 700 enfants et adolescents ont été assassinés ou exécutés de manière extrajudiciaire depuis février 2003 (communiqué de presse de la section française, le 6 septembre 2004). Tegucigalpa, la capitale, et San Pedro Sula, la deuxième ville du pays et son centre industriel, détiennent le triste record du nombre d’assassinats.
[3] Jahangir Asma, « Les droits civils et politiques, en particulier la question des disparitions et exécutions sommaires  », rapport de la commission des droits de l’homme du Conseil économique et social de l’ONU, Genève, juin 2002.
[4] Lié à la secte Moon, le général Gustavo Alvarez, chef des forces armées honduriennes jusqu’au 31 mars 1984 et, de facto, homme fort du pays, était également le chef occulte du Bataillon 316, escadron de la mort responsable de l’assassinat de quelque 200 Honduriens opposés à ce que leur pays soit employé comme « porte-avions  » des Etats-Unis contre le Nicaragua sandiniste. Il agissait en étroit contact avec M. John D. Negroponte - dit le « proconsul  » -, ambassadeur américain à Tegucigalpa entre 1981 et 1985. L’administration Reagan a décerné la Légion du mérite au général Alvarez, en 1983, pour avoir « encouragé la démocratie  ». Quant à M. Negroponte, dernier représentant en date des Etats-Unis à l’ONU, il a été nommé ambassadeur à Bagdad à partir du 30 juin 2004.
[5] Tueurs à gages. En Amérique centrale, il suffit parfois de quelques centaines d’euros pour louer leurs services.
[6] L’avancée de la justice se heurte aux multiples failles du système policier et judiciaire d’un pays classé parmi les plus pauvres du monde : 300 enquêteurs pour plus de 6 millions d’habitants, un ministère public qui voit son budget toujours plus réduit...
[7] Des peines de neuf à douze ans de prison sont requises contre les chefs de mara.
[8] On a dénombré 45 assassinats pour le seul mois de janvier 2004 : 43 % des victimes avaient moins de 18 ans, les 57 % restants entre 18 et 23 ans.
[9] Cero tolerancia... a la impunidad. Ejecuciones extrajudiciales de niños y jóvenes desde 1998, Amnesty International, Londres, février 2003.
[10] Comisión Económica para America Latina y el Caribe, SÃntesis - Panorama social de America Latina 2002-2003, Mexico, novembre 2003, pp. 8-9.
Source : La Monde Diplomatique (http://www.monde-diplomatique.fr), octobre 2004.
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