Le 31 octobre 2004, l’Uruguay a vécu une journée historique. Pour la première fois de son histoire, le petit pays sud-américain a basculé à gauche. Le candidat de la coalition de centre gauche Frente Amplio - Encuentro Progresista - Nueva Mayoria, Tabaré Vazquez, a attiré 50,7 % des suffrages exprimés et a donc été élu au premier tour à la présidence de la République.
Le même jour, plus de 60% des citoyens votaient en faveur d’une réforme de la Constitution qui déclare l’eau comme « bien public  » et l’empêche de ce fait de tomber dans les mains du secteur privé et en même temps garantit la participation des usagers à tous les niveaux de sa gestion.
A cette occasion, nous publions une analyse, réalisée il y a un an, pour l’Observatoire social d’Amérique latine (OSAL), de Raul Zibechi sur le principal mouvement social du pays : le mouvement syndical. Le journaliste uruguayen revient sur les caractéristiques de ce mouvement et sur deux luttes sociales - celle du secteur de la santé publique et celle contre la privatisation du secteur pétrolier - qui expliquent en partie la récente victoire de la gauche.
Au cours de la seconde moitié de l’année 2003, le mouvement populaire uruguayen a obtenu deux victoires importantes. La première fut la conséquence de la longue et agitée grève des fonctionnaires et médecins du secteur de la santé publique et la seconde fut le puissant refus de la "loi de ANCAP” [1], abrogée lors d’un référendum. Cette loi permettait à la compagnie pétrolière nationale de s’associer à des entreprises de capitaux étrangers.
Bien que les deux mouvements mentionnés se soient développés dans des cadres très différents - l’action sociale pour le premier et les institutions pour le second - les résultats ont été très similaires et ont permis de modifier le scénario politique, en renforçant l’isolement du gouvernement du président Jorge Batlle et de manière simultanée, en assurant le triomphe électoral de l’Encuentro Progresista - Frente Amplio lors des élections d’octobre 2004.
L’explosion de la crise financière de l’hiver 2002 a eu un effet paradoxal : au lieu de stimuler la mobilisation sociale, elle l’a freinée. Le gouvernement uruguayen a eu la capacité et la marge de manoeuvre suffisante - à l’apogée de la crise, jusqu’à fin juillet, début aoà »t - pour isoler les secteurs sociaux les plus enclins à se mobiliser (en particulier les exclus qui pillèrent des supermarchés) et a pu également compter sur le soutien explicite de la gauche et implicite du mouvement syndical, qui renoncèrent à renverser un gouvernement affaibli pour chercher une sortie négociée et institutionnelle à la crise. Le "fantôme" à dépasser, autant pour le gouvernement que pour l’opposition, était la possible similitude avec la crise de décembre 2001 en Argentine [2]
La grève de la santé publique
Cette grève avait une logique du tout ou rien. Les fonctionnaires et les médecins exigeaient une augmentation de 2.000 pesos (72 dollars US) et n’étaient pas disposés à revoir leurs revendications à la baisse, comme cela se fait dans toutes les grèves. De plus, c’était une grève unitaire de tous les fonctionnaires de la santé publique : les non-médecins, regroupés au sein de la Fédération des fonctionnaires de la santé publique (FFSP), et les médecins, regroupés dans le Syndicat médical de l’Uruguay (SMU) [3]
La situation que traversent les fonctionnaires de la santé publique est dramatique, autant en raison des bas salaires qu’en raison des conditions de travail, dans des hôpitaux remplis de patients et sans les conditions minimales pour leur attention. La moitié des fonctionnaires perçoit des salaires de moins de 80 dollars. Sur les 4.000 médecins, un peu plus de la moitié reçoit des salaires qui ne dépassent pas les 100 dollars mensuels. Dans les deux cas, l’immense majorité sont des femmes qui n’ont pas d’autres revenus, et dont une bonne partie d’entre elles est chef de famille.
La crise économique prolongée, qui traîne depuis 1998, a provoqué des changements structurels au niveau du système de santé en Uruguay. Jusqu’alors, la majorité des Uruguayens était affiliée au système mutuel : institutions créées et dirigées par les médecins, auxquelles avait accès la majorité des travailleurs en échange d’une cotisation qui représentait une petite fraction du salaire. Dans les dernières années, en raison de la croissance du chômage et de la baisse du salaire réel, l’émigration vers le système de santé public fit entrer en crise autant le système mutuel - qui se retrouva non financé, de nombreuses mutuelles furent fermées - que le système public, débordé et sans capacité d’attention suffisante pour absorber les 8.000 usagers qui mensuellement abandonnaient le système mutuel privé (Mieres Gómez, 1997).
Dans les faits, la grève fut une lutte pour la dignité. De là son radicalisme, qui s’est maintenu durant plus d’un mois. Le conflit commença de manière atypique. Lors de la discussion du budget qui eut lieu entre juin et juillet au Parlement, l’exécutif ne prévit pas d’augmentations salariales pour les fonctionnaires de la santé publique malgré une inflation de 26% avec laquelle l’année 2002 s’était achevée. Comme tous les employés de l’Etat, ils ne reçurent que 2% d’augmentation. La pression depuis les bases fut le détonateur. Alfredo Silva, secrétaire général de la FFSP, a remarqué que le conflit "est né de manière spontanée, par le débordement des centres [de santé] de la périphérie qui étaient extrêmement sous pression de par la situation de travail" (Brecha, 12 septembre 2003). Le 5 aoà »t, la FFSP occupa un bâtiment du Parlement en exigeant d’être reçue par la Commission de la santé des députés. Elle ne le fut pas mais exigea de la gauche parlementaire une démission collective. Cette nuit-là , elle décida le lancement de la grève.
Le lundi 11 aoà »t commença une grève indéfinie des 15.000 fonctionnaires de la santé publique (4.000 médecins et 11.000 non médecins). La mesure fut accompagnée par une action radicale, qui n’avait pas eu lieu depuis longtemps en Uruguay : l’occupation de l’hôpital Vilardebó, où les autorités furent remplacées par une équipe du syndicat. Le 13, deux hôpitaux de plus furent occupés, le 19, ce fut le tour de l’hôpital Pereira Rosell, un des plus importants du pays, et il fut décidé d’élargir l’occupation à quatre hôpitaux supplémentaires.
Durant plus de dix jours, des négociations se succédèrent tandis que la grève recevait le soutien quasi unanime de la population. Le gouvernement annonça qu’il ne disposait pas de fonds pour répondre aux augmentations de salaires et menaça de déloger les occupants des centres de santé et d’effectuer des retenues sur salaires.
Le 27 aoà »t, la FFSP décida de la fin de la trêve concédée pour négocier et d’occuper plus d’hôpitaux. Le lendemain, le syndicat Plenario Intersindical de Trabajadores -Convención Nacional de Trabajadores (PIT-CNT) réalisa une grève générale en solidarité avec les grévistes et pour réclamer un système national de santé.
Ce fut une des grèves les plus massives de la dernière décennie. Selon la centrale syndicale, elle fut suivie par 80 % de la population et des réunions furent réalisées dans les hôpitaux occupés. Quasi un mois après le lancement de la grève, le syndicat maintenait occupés six hôpitaux dans lesquels il prenait en charge l’attention des patients, sept autres ayant été vidés de ses occupants par la police qui s’empara également de plusieurs centres de santé pour empêcher d’éventuelles nouvelles occupations. Face à la vague d’occupations et aux permanentes menaces du gouvernement, la Commission de la santé des députés, qui intervenait dans le conflit en tant que médiatrice, demanda une trêve au syndicat pour évacuer les derniers centres occupés et au gouvernement de ne pas utiliser la violence lors des expulsions.
Le 9 septembre, la centrale syndicale (PIT-CNT) se présenta par surprise au siège du gouvernement pour exiger une solution au conflit, avec l’intention de ne pas se retirer avant d’être reçue. Une sorte d’occupation face à laquelle le gouvernement décida de céder et de maintenir la proposition d’augmentation de salaires mais sans exiger d’heures supplémentaires.
Face à ce nouveau recul du gouvernement, les assemblées des centres de santé décidèrent à la majorité d’accepter l’offre de l’exécutif et d’en finir avec la grève, même si elles votèrent pour continuer les occupations. Le SMU décida en parallèle de lever la grève alors que les médecins attendaient la décision des autres fonctionnaires pour reprendre le travail.
La grève de la santé publique fut une importante victoire du mouvement syndical. L’unité du syndicat et la grande confiance des bases en leurs dirigeants permirent au syndicat de prolonger un conflit sans souffrir de l’usure. Cela fut possible grâce à la rénovation des dirigeants de la FFSP lors des dernières élections, au cours desquelles furent élus des délégués de base des hôpitaux de la périphérie, reléguant la vieille garde de dirigeants bureaucratisés et éloignés des problématiques quotidiennes des fonctionnaires. Le contact permanent avec la base, les pratiques assembléaires, le respect scrupuleux des décisions qui émanaient des centres de santé et la négociation transparente consolidèrent la confiance des affiliés envers leurs dirigeants. Le triomphe fut possible grâce à la participation massive des travailleurs, à l’unité des non-médecins et des médecins, dépassant le traditionnel corporatisme, et grâce au soutien explicite de la population, surtout dans les quartiers les plus pauvres. "Nous avons gagné parce que la Fédération est passée de l’attentisme à un haut niveau de participation, autant dans les assemblées que dans les plénières de délégués où la participation des centres fut de 75 %, chose qui ne s’était pas vue depuis longtemps", signala le secrétaire général du syndicat (Brecha, 5 septembre 2003).
La centrale syndicale, qui soutint les fonctionnaires en grève, a évalué le conflit comme un des triomphes les plus importants des dernières années, relevant l’importance de la mobilisation permanente comme l’une des clefs pour débloquer les négociations ainsi que l’articulation entre la consultation de la base et les décisions des dirigeants (Olesker, 2003).
La lutte contre la privatisation de l’ANCAP
La “loi ANCAP” fut votée par le Parlement en décembre 2001 et promulguée par l’exécutif le 4 janvier 2002. La particularité de cette loi, qui n’impliquait pas une privatisation directe de l’entreprise pétrolière publique, de caractère monopolistique, mais permettait son association avec des entreprises et des capitaux étrangers, résidait dans le fait qu’elle fut co-rédigée par quelques dirigeants importants du Frente Amplio, parmi eux les sénateurs Danilo Astori [4] et Alberto Couriel, les deux économistes de gauche les plus réputés d’Uruguay. Malgré les divisions dans ses rangs, la direction du Frente Amplio décida de voter contre la loi, attitude à laquelle se plièrent les sénateurs favorables à la "loi ANCAP".
Dès la discussion au Parlement du projet de loi, le syndicat de l’ANCAP manifesta son refus et annonça que dans le cas où la loi serait approuvée, elle collecterait des signatures pour convoquer à un référendum dérogatoire. Il existe quelques antécédents en la matière. En 1989, la loi Caducidad de la Pretensión Punitiva del Estado, ou loi d’impunité [protégeant les tortionnaires de la dictature, ndlr], fut soumise à référendum et obtint 57 % de votes favorables.
Malgré cela, la campagne pour collecter les signatures (25 % du corps électoral sont nécessaires) mobilisa des dizaines de milliers d’activistes dans tout le pays, créant un précédent (...) dans l’histoire politique et social du pays. En effet, la mobilisation pour réunir autant de signatures, pour un thème "difficile" de par la polarisation politique existante, impliqua la mise en action de toutes les organisations des secteurs populaires et de la gauche politique, qui utilisèrent la modalité du porte-à -porte. Ceci entraîna un long processus de dialogue des activistes avec les habitants (quelques familles ont été "visitées" jusqu’à six ou sept fois), ce qui modifia les relations entre les uns et les autres, établissant des ponts de communication jusqu’alors inexistants. Cette forme d’action, une année de mobilisation permanente ayant recours à des formes non traditionnelles, du théâtre de quartier aux manifestations en bicyclettes, reposa sur 350 commissions de quartiers non partisanes et modifia la culture politique de l’Uruguay, jusqu’ici centrée sur les partis et l’instant électoral (Delgado, Ruiz et Zibechi, 2000).
Malgré la défaite de 1989 [pour abroger la loi d’impunité, ndlr], le référendum se maintint sur la scène politique comme une des formes d’action les plus remarquables du mouvement social. En décembre 1992, durant le gouvernement de Luis Alberto Lacalle, un vaste mouvement social, syndical et politique réussit à freiner la Loi des entreprises publiques, qui prévoyait plusieurs privatisations, obtenant lors du référendum 72 % de votes favorables à sa dérogation. Cette année scella le sort du projet de privatisations en Uruguay, de telle manière qu’ensuite, pour privatiser des entreprises il fallut emprunter des chemins indirects, comme pour la "loi ANCAP", qui promouvait « seulement  » l’association de l’entreprise publique avec des capitaux privés.
En mars 2002, le syndicat de l’ANCAP, le mouvement syndical et la gauche commencèrent à collecter les signatures nécessaires (600.000), à présenter avant l’écoulement d’une année à partir de la promulgation de la loi. L’expérience accumulée dans les collectes antérieures (en plus de celles déjà citées, il y eut d’autres campagnes contre des projets de privatisation) et l’opposition de la majeure partie de la population à l’actuel gouvernement et à la politique néolibérale, facilitèrent cette collecte.
Dix mois plus tard, le 3 janvier 2002, la Commission de défense de l’ANCAP, accompagnée par des milliers de personnes, remit 650.000 signatures à la Cour électorale. Du total, la moitié fut obtenue par le mouvement social, majoritairement par le mouvement syndical, avec le syndicat de l’ANCAP à sa tête, et l’autre moitié par les comités de base du Frente Amplio et des partis qui l’intègrent, qui avaient installé des centaines de tables dans les rues des villes de tout le pays. La collecte de signatures avait été accompagnée par plusieurs mobilisations.
Les plus significatives, peut-être, ont été réalisées dans les environs de l’ANCAP, dans le quartier ouvrier de La Teja, à Montevideo, avec l’adhésion massive de la population. Jusqu’à la fin du mois d’octobre, les travailleurs ont occupé l’entreprise rejetant la privatisation de la division Alcoholes de l’ANCAP. Après dix jours, l’occupation fut levée avec l’engagement du directoire de remettre sa décision jusqu’à la fin de son mandat, c’est à dire jusqu’aux prochaines élections nationales [du 31 octobre 2004, ndlr]. Une fois remises les signatures, une nouvelle étape de la mobilisation débuta. Il s’agissait cette fois de faire pression sur la Cour électorale, qui, comme ce fut déjà le cas lors d’occasions antérieures, commença à annuler des signatures sous prétexte qu’elles ne répondaient pas aux exigences légales. Finalement, la Cour convoqua le référendum et les opposants à la "loi ANCAP" lancèrent, le 18 septembre, la campagne pour le oui à sa dérogation. Des dizaines de rassemblements ont été réalisés à Montevideo et dans l’intérieur du pays au cours desquels les orateurs étaient généralement des dirigeants du Frente Amplio - Encuentro Progresista (quasiment toujours Tabaré Vázquez) [le nouveau président de la République depuis le 31 octobre, ndlr], des membres des partis Nacional [conservateurs, ndlr] et Colorado [libéraux, ndlr] partisans de la dérogation de la loi et des dirigeants syndicaux de la FANCAP.
Le résultat fut contondant : 62 % des votes en faveur de la dérogation de la loi et 35 % en faveur de son maintien. La coalition de gouvernement ainsi que l’Asamblea Uruguay, groupe du Frente Amplio qui défendait la loi, ont subi une importante défaite, qui, d’une certaine manière, préfigure ce que seront les résultats des élections d’octobre 2004. Au delà du débat sur la propre "loi ANCAP", il semble évident que le vote sanction ait fonctionné contre un des gouvernements les plus discrédités dont se souviennent les Uruguayens.
Forces et faiblesses du mouvement social
Comment a-t-il été possible qu’un mouvement qui a vécu un long processus de déclin et d’affaiblissement, avec une perte importante d’affiliés (Supervielle et Gari, 1995), et qui n’a pas été le protagoniste de luttes importantes dans les dernières années, ait obtenu deux succès aussi importants ? La réponse a plusieurs facettes mais dans tous les cas il convient de remarquer que la grève de la santé publique et le référendum pour déroger la "loi ANCAP" sont deux processus clairement différents, même s’ils ont quelques caractéristiques communes.
La première raison, et peut-être la décisive, est que le mouvement syndical (qui continue à être de loin le principal mouvement social uruguayen) obtient des succès quand il est capable de représenter des intérêts plus vastes que ceux directement sectoriels ou corporatistes. Dit d’une autre manière, dans les deux cas, le mouvement fut une caisse de résonance des demandes de la population, laquelle put s’exprimer à travers des espaces et canaux ouverts par le syndicalisme. Dans le mouvement pour la dérogation de la "loi ANCAP", la centrale syndicale (PIT-CNT) et la FANCAP [syndicat du scteur pétrolier, ndlr] se sont syntonisés avec le sentiment répandu contre les privatisations enraciné dans la culture politique uruguayenne. Quelque chose de similaire s’est passé avec la grève de la santé publique, qui a réussi à se connecter à la colère existante en raison des graves problèmes que traversait l’attention sanitaire. En plus dans ce cas, la population récompensa par sa sympathie et sa solidarité la capacité de lutte des syndicats de fonctionnaires et de médecins, la justice de leurs demandes et la dignité de leur fermeté alors que la majorité des syndicats du pays optèrent pour la négociation avec le gouvernement, même au prix de replier des drapeaux historiques. Pour beaucoup, la lutte digne du secteur de la santé publique a été une sorte de revanche contre la passivité dont fit preuve le mouvement social une année auparavant quand explosa la crise financière.
En second lieu, ces deux mouvements ont été capables de se connecter avec la culture politique uruguayenne, et leurs succès sont dus également à cela. L’Uruguay est un pays avec des institutions encore solides. Les classes subalternes n’ont jamais été les protagonistes d’insurrections ni n’ont été capables de déborder, même pour de brèves périodes, ni les classes dominantes ni les appareils répressifs. En opposition, le mouvement syndical uruguayen, qui est né protégé par l’Etat, a adopté les principales caractéristiques de la culture politique uruguayenne : la "pluralité de médiations" (Lanzaro, 1986 : 61), l’articulation entre le politico-étatique et le social-syndical, l’institutionnalisation des conflits et la recherche du consensus.
En troisième lieu, le mouvement syndical a montré une capacité notable pour “délimiter le terrain" à la droite, en freinant tout sa politique de privatisations, mais aussi à la gauche, obligée parfois de le suivre et sortir ainsi de ses indéfinitions en matière sociale.
Peut-être qu’une des principales faiblesses du mouvement social, dans la perspective de l’imminent gouvernement du Frente Amplio, est le passage de la "fraternité" entre la gauche sociale et la gauche politique à une sorte de confusion des rôles de l’une et de l’autre (Caetano, Gallardo et Rilla, 1995 : 126). Cette confusion, visible dans les mobilisations en défense de l’ANCAP, a montré ses facettes les plus problématiques dans les relations confictives entre le syndicat municipal et l’administration de gauche à Montevideo [le Frente Amplio a gagné à trois reprises la municipalité de Montevideo, N.d.T.]. L’autonomie du mouvement syndical sera mise à l’épreuve le jour où la gauche accédera au gouvernement national : il devra opter entre la traditionnelle "courroie de transmission" et la défense des intérêts corporative. Ou, en rompant cette dichotomie, approfondir l’autonomie non sectaire ni corporative, comme celle qui l’a amenée à obtenir des victoires aussi importantes.
BibliografÃa :
Brecha 2003 (Montevideo), 12 septembre.
Brecha 2003 (Montevideo) 5 septembre.
Brecha 2003 (Montevideo) 29 aoà »t.
Caetano, Gerardo, Javier Gallardo y José Rilla 1995 La izquierda uruguaya. Tradición, innovación y polÃtica (Montevideo : Trilce).
Delgado, Martha, Marisa Ruiz y Raúl Zibechi 2000 Para que el pueblo decida. La experiencia del referéndum contra la ley de impunidad en Uruguay (1986-1989) (Lima : Instituto de Defensa Legal).
Lanzaro, Jorge 1986 Sindicatos y sistema polÃtico. Relaciones corporativas en el Uruguay 1940-1985 (Montevideo : FCU).
Mieres Gómez, Gustavo 1997 Al sector salud. 75 años de un mismo diagnóstico (Montevideo : Sindicato Médico del Uruguay).
Olesker, Daniel 2003 Balance primario del conflicto de la salud pública (Montevideo).
Observatorio Social de América Latina-OSAL 2003 CronologÃa de protestas y movimientos sociales en Uruguay (mayo-diciembre de 2003) (Buenos Aires).
Supervielle, Marcos y Gabriel Gari 1995 El sindicalismo uruguayo. Estructura y acción (Montevideo : FCU).
[1] L’Administracion Nacional de Combustibles Alcohol y Portland)de l’Uruguay est la société publique pétrolière uruguayenne. (ndlr)
[2] Voir le dossier sur l’Argentinazo http://risal.collectifs.net/mot.php.... (ndlr)
[3] L’organisation corporative des médecins, créée en 1920, s’autodéfinit comme "syndicat", ce qui est révélateur de l’attitude sociale des fondateurs dont l’esprit se maintient toujours en bonne partie parmi les affiliés et dirigeants.
[4] Futur ministre de l’Economie du gouvernement de Tabaré Vasquez ? (N.d.T.)
Source : Revue de l’Observatoire social d’Amérique latine (http://osal.clacso.org).
Traduction : Fab, pour RISAL (http://risal.collectifs.net).