Les glaciers andins et patagoniens fondent, les sécheresses menacent plusieurs pays sud-américains, de récentes inondations ont fait des ravages dans la forêt centrale du Pérou. Les Caraïbes, de leur côté, craignent la force croissante des ouragans.
On présume qu’il s’agit d’effets du réchauffement global, un phénomène qui trouve son origine dans la présence excessive desdits gaz à effet de serre dans l’atmosphère.
Ces gaz - bénéfiques en temps normal car ils tempèrent le climat et permettent le développement de la vie - se sont concentrés à un niveau jamais vu auparavant.
L’oxyde nitreux (N2O), émis par quelques véhicules qui utilisent du diesel et par des usines de charbon et de gaz naturel ; le méthane (CH4), généré par les défections massives du bétail et par les bactéries des plantations de riz, et le dioxyde de carbone (CO2), émis par des moteurs à combustion interne et utilisé dans des extincteurs ou la réfrigération ont atteint des niveaux sans précédents.
Cet excès de gaz à effet de serre provoquerait les altérations climatiques mentionnées ci-dessus, ainsi que le déplacement d’espèces animales vers d’autres zones ou, dans le futur, l’inondation des zones côtières
Selon le rapport du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) « Le Changement climatique en Amérique latine et dans les Caraïbes  », publié en 2006, l’émission régionale de gaz à effet de serre est basse : 5% du total mondial. Ces émissions sont émises à égale proportion par tous les pays de la région.
En termes généraux, un peu plus de 70% des émissions de gaz à effet de serre dans la région proviennent de quatre pays : le Brésil, le Mexique, le Venezuela et l’Argentine. Si l’on prend aussi en compte celles de la Colombie et du Pérou, le pourcentage monte à 83%. Les émissions des pays insulaires des Caraïbes et centraméricains sont significativement moindres.
Même si la contribution de gaz à effet de serre de l’Amérique latine et des Caraïbes est basse, « les impacts potentiels futurs du climat et des changements dans l’usage de la terre pourraient coà »ter cher à la région  », signale le rapport du PNUE.
Zones forestières en baisse
Un de ces changements, dramatique, est la déforestation. Antonio Brack Egg, un célèbre écologiste péruvien, affirme que l’Amérique latine et les Caraïbes ont perdu, entre 1990 et 2000, 47 millions d’hectares. Chaque année, la région perd 3 millions d’hectares, ajoute-t-il.
Un document de l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO, Food and Agriculture Organization of the United Nations), rendu public en République dominicaine en juin 2006, donne des chiffres qui confirment l’affirmation horrifiante de Black.
Le texte affirme que, au cours des cinq dernières années, la zone forestière de la région a diminué de plus de 4,5 millions d’hectares par an, ce qui place l’Amérique latine et les Caraïbes en tête de la déforestation au niveau mondial.
La couverture végétale traite le CO2 de l’atmosphère et, par conséquent, contribue à réguler le réchauffement mondial, une conséquence de l’excès de gaz à effet de serre. Mais la déforestation n’est pas le seul problème qu’attise le changement climatique dans la région : en matière de transport non plus, le panorama n’est pas encourageant.
La principale source d’émission de gaz à effet de serre régionale, ce sont les véhicules à moteurs à combustion interne, qui produisent 38% du CO2 régional, selon un document du PNUE de 2004. D’où le fait que l’usage de l’éthanol comme combustible - au Brésil, il est utilisé, mélangé à l’essence, depuis 1975 - soit vu comme une alternative. Ce type de combustible, toutefois, a ses limites.
En Argentine, la loi qui en 2006 fut promulguée pour octroyer des avantages fiscaux aux producteurs de biocombustibles a été critiquée par des organisations écologistes comme Greenpeace. La raison en est que l’expansion des cultures de soja, destinées à cette fin, joue contre la rotation des cultures et dégrade les sols.
Le Protocole de Kyoto de 1997 oblige 36 pays industrialisés à réduire pour 2012 leurs émissions de gaz à effets de serre d’au moins 5% en dessous de leur niveau de 1990.
Aucun pays latino-américain ou caribéens - tous ont signé cet instrument légal et 27 l’ont ratifié - n’est obligé à respecter ces engagements. De par leur condition de pays en voie de développement. Mais la région participe d’autres manières à la lutte contre le réchauffement climatique.
Marché du carbone
Plusieurs pays latino-américains - le Honduras et le Salvador, par exemple, - sont entrés sur le ‘marché du carbone’ au travers du Mécanisme de Développement Propre (MDP), établi par le Protocole de Kyoto
Ce mécanisme autorise un pays industrialisé à investir dans un pays en développement dans des projets de reforestation ou dans d’autres activités qui réduisent la concentration de gaz à effet de serre. Avec cela, le pays investisseur peut réduire son quota de réduction [1] et le pays récepteur peut émettre des bons de carbone et les négocier.
Il y a ceux qui, comme Ricardo Carrere, du Mouvement Mondial pour les Forêts Tropicales, critiquent le MDP parce qu’il fait en sorte que les pays industrialisés échappent à leurs engagements réels de réduction de gaz à effet de serre. Et parce qu’une forêt « reboisée  » peut par après être brà »lée ou rasée.
« Ils mettent sur un pied d’égalité deux choses qui ne sont pas comparables  », dit Carrere.
De son côté, Black affirme qu’à travers ces projets de reforestation, le MDP fonctionne et est donc convenable, mais cela doit se faire sur des sols déjà dégradés. « Ceux qui s’opposent à ces projets ne comprennent pas que ces sols ne peuvent pas attendre des cultures qui mettent 40 ans à croître  », ajoute-t-il en référence aux arbres d’origine.
« Les forêts et l’eau sont intimement liées au changement climatique - insiste Black - et si on ne les gère pas, notre vulnérabilité augmentera.  » La proposition du Brésil de créer, pour cela, un fonds volontaire, dans la Convention Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques (CCNUCC), semble bonne.
Ce fonds serait destiné à aider les pays qui luttent contre la déforestation, comme le Brésil d’ailleurs, qui, en 2006, a réussi à réduire d’au moins 30% l’élagage en Amazonie, selon l’Institut - non gouvernemental - de l’Homme et de l’Environnement de l’Amazonie (IMAZON).
[1] [NDLR] Un Etat ou une entreprise de l’Annexe I (les pays industrialisés) investit dans un projet de réduction des émissions de gaz à effet de serre dans un pays en développement. En échange des réductions constatées, un volume équivalent d’Unités de Réductions d’Emissions Certifiées (UREC, Certified Emission Reduction) lui est délivré. Cet investisseur pourra vendre ces Unités sur le marché ou les déduire de ses obligations internationales de réduction.
Source : Noticias Aliadas (http://www.noticiasaliadas.org), 22 février 2007.
Traduction : Frédéric Lévêque, pour le RISAL (http://risal.collectifs.net).