Le 1er janvier 1804, le peuple haïtien a proclamé son indépendance, suite à la capitulation des troupes de Napoléon après la bataille de Vertières. L’abolition de l’esclavage et la naissance de la première République noire dans l’Hémisphère latino-américain était un exemple pour les pays voisins, attrapés encore et pour longtemps dans les rouages du colonialisme européen. Par contre, l’absence d’un modèle commun d’organisation étatique sur le continent en 1804 et la difficile cohabitation de communautés de diverses origines ont eu un impact significatif sur l’instauration de l’État haïtien, alors que sa nation n’était qu’en période de gestation. On ne saura donc pas nier le lien troublant entre les conditions particulières de la formation de l’État haïtien et ses successives crises politiques, y compris l’impasse démocratique actuelle qui perdure depuis mai 2000 et ne fait que s’alourdir après le départ de son ex-Président élu Jean-Bertrand Aristide. Nous
assistons donc impuissants à l’affaiblissement perpétuel de l’État de droit dans ce pays : absence d’institutions démocratiques capables de garantir la primauté du droit, violations massives des droits humains entraînant un dépérissement des conditions de vie de la population haïtienne, corruption de la classe politique et atteinte aux libertés démocratiques fondamentales inhérentes à toute société démocratique.
Source : La Chronique des Amériques, avril 2004, n°13, Observatoire des Amériques (www.ameriques.uqam.ca), Université du Québec à Montréal (UQAM).